mercredi, juin 28, 2006

MILAN : Chiesa Rossa de DAN FLAVIN



Actualisé septembre 2015

Photo : Dan Flavin, “monument” for V. Tatlin, 1964 – Collection François Pinault

Né aux Etats-Unis au milieu des années 60, interprété comme une réaction au débordement subjectif de l’Expressionnisme abstrait et à la figuration du Pop art, le MINIMALISME est caractérisé, entre autres, par un souci d’économie de moyens. Il hérite du célèbre principe de l’architecte Mies Van der Rohe « Less is more », des œuvres de Malevitch, et reconnaît le peintre abstrait Ad Reinhardt , comme l’un de ses pionniers. Le Minimalisme regroupe des artistes tels que Dan Flavin, Frank Stella, Donald Judd, Carl Andre... Le Minimalisme a profondément marqué l’évolution de l’art contemporain. Incarnant la tendance américaine dominante à la fin des années 60, il a suscité de nombreuses réactions. Ainsi, dès sa naissance, le mouvement Arte Povera, – qui se fonde sur la conscience politique de l’artiste et une idée de la « pauvreté » de l’art dans le sens d’une précarité nécessaire – s’est opposé directement à la sophistication volontairement froide et neutre du Minimalisme . Mais le Minimalisme est aussi à l’origine , d’une part importante de la sculpture contemporaine et de l’Art conceptuel lequel prolonge le souci d’économie de moyens jusqu’à privilégier l’idée sur la réalisation. Son influence se retrouve jusque dans le design actuel, par exemple dans les créations des frères Bouroullec.
Photo : the diagonal of May 25, 1963 (to Constantin Brancusi), 1963
Dan Flavin (1933-1996), artiste américain, accomplit en 1963 un geste décisif pour sa carrière et pour l’art, lorsqu’il positionna en diagonale dans son atelier un tube de néon, le premier d’une longue série puisqu’il devint le matériau unique de l’artiste. Son succès ne fut pas immédiat et il fut difficile de le rattacher à l’un des courants de l’époque. Ses œuvres qui ne manquaient ni de “rigueur”, ni “d’austérité” pour être “minimalistes”, dégageaient en effet une charge émotionnelle inconnue vis-à-vis des autres artistes du mouvement. Aujourd’hui Dan Flavin est considéré comme un des artistes majeurs du XXe siècle.
“DAN FLAVIN - RETROSPECTIVE ” ;  Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris (9 Juin - 8 Octobre 2006)




Photos de l‘église : Massimo Ripani
Milano (12 mai 1996) : Don Guilio Greco, curé de la paroisse de Santa Maria Annunciata in Chiesa Rossa, écrit à Dan Flavin pour lui demander de l’aider à rendre son église plus conviviale, plus “inspirée”... Indirectement sollicité, il avait déjà refusé car il souffre, d’une part, d’un grave diabète et surtout parce qu’il n’a jamais accepté d’intervenir dans des monuments religieux consacrés. Jeune séminariste chez les Jésuites, il avait gardé un très mauvais souvenir de l’Eglise catholique... 
Contre toute attente pourtant, à la réception de la lettre du padre Giulio, il accepte. À partir de ce moment, se met en place un extraordinaire mécénat, qui va soutenir le projet, c’est-à-dire la collectionneuse Laura Mattioli Rossi et deux grandes fondations que sont la Dia Fondation de New York et la Fondation Prada de Milan. Flavin envoie son assistant Steve Morse photographier et faire le relevé de l’église et malgré son hospitalisation, boucle le projet de l’installation le 27 novembre, deux jours avant de mourir. 
Elle sera inaugurée pour le premier anniversaire de sa mort. L’église sans grand intérêt architectural se trouve dans un quartier sud de Milan sans grand charme. Flavin a redessiné l’espace avec ses tubes de couleurs. La voûte de la nef centrale s’illumine d’un bleu intense qui va se dégradant dans les nefs latérales. Une chaude lumière rouge inonde le transept tandis que l’abside et l’autel rayonnent des ors tels ceux des mosaïques byzantines. C’est le soir que les lumières prennent toute leur intensité quand les ultraviolets traquent et exaltent tous les blancs présents dans l’église, aussi bien celui des murs que celui des vêtements des fidèles ou visiteurs. 
L’église n’est pas un très beau monument, mais ironie de cette histoire (religieuse), ce sont finalement les lumières de Flavin qui vont lui apporter le “supplément d’âme”. Un pied de nez, peut-être, à cette religion qui manifestement lui posait problème ?


 


LIENS
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MILAN : Expo Canova à la Cour des Tsars (guide autour du Palazzo Reale/Duomo)
MILAN CONTEMPORAIN (guide autour de Zona Tortosa)